Thème du Colloque

Helsinki City Photo, Competition at Flickr.com.

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En proposant pour ce Ve Colloque de l’AIEMF (Association Internationale pour l’Étude du Moyen Français) le thème « Aimer, haïr, menacer, flatter… en moyen français » nous souhaitons solliciter aussi bien des approches linguistiques que littéraires ou philologiques. Ce vaste thème devrait en effet se prêter à des études relevant de méthodologies et de domaines différents. Les verbes d’émotion, les termes affectifs, le vocabulaire psychologique des XVIIe et XVIIIe siècles ont fait l’objet de plusieurs études ; le moyen âge a cependant moins intéressé les chercheurs sous cet aspect.

Dans les nombreux colloques organisés ces dernières années autour de thèmes comme la politesse et l’impolitesse, l’oralité a occupé une place centrale. Ce Colloque de l’AIEMF a, quant à lui, la particularité de s’occuper d’une période pour laquelle le chercheur ne dispose pas d’exemples oraux, mais qui, en revanche, met à sa disposition  un grand nombre de genres littéraires variés (moralités, mystères, passions, récits…).

Bien que le thème proposé privilégie les textes riches en dialogues, aucun genre n’est à écarter a priori ; les textes de non-fiction (chroniques, mémoires, littérature didactique, lettres) peuvent également fournir des matériaux relevant de l’expression des sentiments, des affects, des émotions. La liste des quelques verbes de l’intitulé du colloque n’est évidemment pas exhaustive et n’exclut pas non plus l’analyse des noms, des adjectifs ou des adverbes.

Les participants au Ve Colloque sont invités à réfléchir par exemple à des questions comme les suivantes :

– Les formules de menaces, de flatteries etc. diffèrent-elles d’un genre littéraire à l’autre ? Les formules récurrentes présentent-elles des « conditions d’emploi » particulières ?

– Les personnages impliqués (homme/femme, chrétien/païen) et leur idiolecte : les insultes / menaces / mots doux etc. des uns diffèrent-ils de ceux des autres ?

– La gestuelle en rapport avec la parole : les gestes accompagnant un acte de langage donné sont-ils stéréotypés ou varient-ils (et comment ?) selon le sexe, la classe sociale etc. de celui qui profère des menaces / essaie de séduire avec des flatteries / qui raille ou qui insulte ?

– Peut-on détecter dans les expressions de la  haine, de l’amour, etc. davantage de marques d’oralité que dans les dialogues non empreints d’une forte émotivité ? 

– L’étude des variantes d’insultes, de menaces, etc. dans les mss. d’un texte donné ;

– Les termes d’adresse (affectueux ou insultants) ; les actes de langage (prières, menaces, railleries) ;

– Variation diachronique des actes de langage, par exemple dans le cas des réécritures en prose, permettant d’évaluer le passage de l’ancien au moyen français ;

– Comment le lexique des émotions s’organise-t-il  (syntaxe, sémantique, collocations…) ?

– Interfaces entre syntaxe et pragmatique.